Sortie au Vuache

18 avril 2018 Yves Courtieu Non classé

SORTIE AU MONT VUACHE
Le département de la Haute-Savoie comporte plusieurs chaînons du Jura savoisien, comme le Salève, la Mandallaz et le mont Vuache, où notre société a programmé une excursion le samedi 14 avril dernier, à laquelle onze de nos membres ont participé, sous la direction de notre président randonneur Yves Courtieu.
Situé à l’ouest du département, le mont Vuache constitue une dorsale longue de 14 km et large de 1,5 à 3 km, orientée sur un axe à peu près nord-ouest/sud-est et qui culmine à 1100 m. Son extrémité septentrionale est toute proche du défilé de l’Écluse, où passe le Rhône.
Nous sommes partis du chef-lieu de Chevrier (480 m) pour atteindre sur la crête l’oratoire Sainte-Victoire (930 m), attaquant donc cette montagne par le flanc est, moins abrupt et plus ombragé. Nous avons traversé trois types très imbriqués de végétation : chênaie-charmaie humide assez typique jusqu’à 600 m environ, puis chênaie-hêtraie et enfin, au-dessus de 800 m, hêtraie mésophile sommitale. En dépit d’éboulis et de blocs calcaires toujours présents, les sols peuvent être localement lessivés et donc plus acides (présence de houx, de luzules, d’oxalis…).
Le mont Vuache est depuis longtemps célèbre pour sa richesse naturaliste, qui intéresse particulièrement les botanistes. Le début du printemps, soit la période qui précède l’apparition des feuilles, y voit en particulier la floraison de plantes bulbeuses spectaculaires, que nous avons pu admirer dans la partie sommitale, localement recouverte d’immenses tapis jaunes et mauves avec çà et là des corolles d’autres couleurs. Citons donc ces espèces :
Erythrone dent-de-chien – Erythronium dens-canis (liliacée), aux deux feuilles panachées et aux tépales mauves réfléchis, extrêmement abondante localement mais considérée comme quasi-menacée au plan régional.
Narcisse jaune ou jonquille – Narcissus pseudonarcissus (amaryllidacée), également très abondante.
Nivéole de printemps – Leucojum vernale (amaryllidacée), aux tépales blancs, qui arrive en fin de floraison.
Gagée jaune – Gagea lutea (liliacée) qui montre ses petites étoiles çà et là.
Scille à deux feuilles – Scilla bifolia (asparagacée), espèce assez commune en forêt feuillue humide et qui apporte sa discrète note bleue.
Le groupe des violettes (violacées) est bien représenté. A côté d’espèces très communes comme la violette des bois – Viola reichenbachiana – et la violette odorante – Viola odorata – nous avons dû réfléchir un moment avant de déterminer la violette des Pyrénées – Viola pyrenaica – proche de la violette hérissée – Viola hirta – mais odorante et à ovaire glabre.
L’humidité ambiante favorise l’implantation de fougères, du genre Asplenium en particulier : à côté d’espèces fréquentes dans ces milieux rocheux comme l’asplénium capillaire – A. trichomanes – et l’asplénium scolopendre – A. scolopendrium – aux longues feuilles en forme de langue, on citera le bien plus rare asplénium des fontaines – A. fontanum – aux frondes découpées.
Revenons aux plantes à fleurs pour donner une mention spéciale à l’isopyre faux-pigamon – Isopyrum thalictroides – renonculacée plutôt discrète et surtout rare, aux pétales blancs, qui aime les forêts humides.
Ella Boterf a établi la liste des espèces, consultable avec ce lien :
liste des fleurs sortie mt vuache

Et finissons avec la liste des champignons, tous lignicoles sauf le premier cité, qui ont été rencontrés au long du parcours.
Dumontinia tuberosa, près d’anémones (930 m d’altitude).
Diatrype disciformis, sur branche tombée de hêtre (700 m).
Fomitopsis pinicola, sur tremble mort (700 m).
Ganoderma australe, sur bouleau mort (600 m).
Hypoxylon fuscum, sur noisetier mort (très abondant, noté à 600 m et 700 m).
Phellinus tremulae, sur tremble mort (700 m).
Piptoporus betulinus = Fomitopsis betulina, sur bouleau mort (600 m)
Polyporus leptocephalus, sur branchette tombée de hêtre (800 m)
Trametes ochracea, très abondant sur tremble mort (700 m).
Trametes pubescens, sur chêne mort tombé (700 m).

Les champignons terrestres seront-ils abondants plus tard en saison, bien après l’apparition des feuilles et la disparition des tapis de fleurs ? Les données manquent cruellement à ce sujet et de nouvelles visites seront nécessaires pour débusquer d’éventuelles raretés liées elles aussi aux terrains calcaires, comme les cortinaires du sous-genre Phlegmacium dont beaucoup n’ont rien à envier aux fleurs printanières en matière de coloris. Voilà une bonne raison pour un retour automnal sur des sentiers par endroits rocailleux et glissants, qu’il faut monter et surtout descendre avec prudence.

Erythrone dent de chien
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Isopyre faux-pigamon
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Violette des Pyrénées
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Photos des participants ( Yannick Debeugny )
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